Le chant du connard

Il en est de diverses espèces. Ses variantes sont multiples. L' être est d'une présence que l'on ne peut ignorer. Il peut être des deux sexes. C'est une infection égalitaire qui ne se gène d'aucune ségrégation.
Celui-ci est grand, bruyant, agité. C'est un mâle et il travaille à ce que nul ne l'ignore. Il en fait tant qu'il est difficile d'oblitérer sa présence. Son absence elle même s'inscrit en négatif. Fort de son intelligence, il impose son savoir pour se poser en idole. Il enfle et brille, braille et pérore. Il fait de grands gestes et de grands pas. Il se donne en spectacle. Il choisi sa scène, sélectionne son public. Ce sont les petites gens qui le grandissent. Il se fait briller dans le miroir de leur regard, écrasant de son ego surdimensionné leur existence moindre. Il se pose en maître et joue les grands seigneurs. Il ne peut être extraordinaire sans que l'autre soit insignifiant. Sa magnificence nécessite quelque humiliation du spectateur. Il sélectionne avec soin son public. En grand prédateur qu'il se sent, c'est le brebis les plus faibles qui ont sa préférence. Il se détourne bien vite des cibles trop peu impressionnables, balançant crânement quelque pique dans la vaine victoire que lui confère le dernier mot. Il se dégonfle vite, celui qui se drape dans l'illusion du pouvoir. Il se rabat sur une proie et un terrain plus accessible. Déjà il fond sur l'impressionnable jeunesse. Il abat sur la douce et polie jeune fille toute la caricature de sa virilité en des termes grossiers, a peine assez subtile pour ne pas faire fuir la jouvencelle. Ce sont des remarques que l'inexpérience assaisonnée de naïveté tolèrera en les jugeant inoffensives. Et lorsqu' on lui fait lâcher sa proie, mettant en doute sa souveraineté, il se fâche, il tempête. Son courroux ne s'abat pas sur le sujet de sa perte. Il invente des fautes et se rue avec insistance sur la faiblesse qu'il croit avoir créée. Au temps pour sa glorieuse image, l' arrogant n'arrivera a son insu qu'a s'affirmer en tant que parfait connard.

Natacha Joëts

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