Les yeux se ferment tout doucement, caressant avec tendresse un sommeil prometteur. Quelques petits mots d'un message agréable sont envoyé. La tonalité s'insinue dans ce cocon somnolent, promesse d'un mot savoureux. A la place une nouvelle retentissante chasse le sommeil naissant et le renvoie d'où il venait. Il est suivi d'un nouveau message, annonce implacable d'un drame inadmissible. La peur, le choc et l'angoissent s'installent immédiatement dans cette incertitude brutale qui vrille chaque parcelle du corps et de l'esprit. Des messages inquiets sont échangés, terrible reflet d'une violence inouïe. On se retrouve figé et hébété face a une nouvelle irréelle dont on ne peut se détacher, les tripes nouées d'angoisse tandis que raisonne cette question sans cesse posée : "tu es où?"
Cette fois, tout est différent. Non que cette événements soit totalement une surprise. C'est une suite logique malheureusement bien prévisible. Une horrible conséquence de faits qui se sont succédés. Mais cette fois, l'horreur est différente. Ce n'est pas une vague cible inconnue, loin du quotidien banal. Elle a autrement plus de substances et n'épargne personne. Ce carnage sans nom fauche sans distinction dans ces lieux que tous connaissent, que tous fréquentent. C'est cette fois la réalité de tous qui est décimée sans distinction. Deux évidences s'imposent a l'esprit : cela se reproduira, cela peut frapper partout et n'importe quand. Ici, rien est visé en particulier sinon le peuple anonyme dans ses plaisir les plus courants.
Cette nuit sans repos lâche sur le monde un matin étrange. On sent quelque part une frénésie irréelle en échos d'une violence que l'on ne peut concevoir. Elle a des répercussions qui échappe à l'entendement des gens communs. Et des autres aussi sans doute. Les réactions de soutiens, de solidarité, de chagrin, de révolte, d'incompréhension, de haine fleurissent pèle-mêle et n'épargnent rien ni personne. Des actions sont menées et des décisions prise sans que l'on puisse deviner a quoi elles aboutiront ni a quel point elles peuvent être néfastes. Des actions portent des résultats. Des questions planent. Elles sont nées de la terreur et se nourrissent d'angoisse. Pourquoi rien n'a été fait avant ? Pourquoi a-t-on attendu cette énième catastrophe?
Dehors, tout est si étrange. Les gens dans un désir manifeste se conforment dans leurs activités quotidiennes. Cela donne une apparence de normalité. Mais sous l'apparence transpire la méfiance. la hantise d'une répétition voile le regard des passants. Tous ont peur du voisin, du badaud. Quoi que ça puisse être, la violence aveugle n'a ni forme ni différence, elle peut être n'importe qui.
Le drame prend très vite un cours très différent. Du choc, l'information est soudain devenu un outil de divertissement, une télé-réalité qui ôte au réel son sens pour le transformer en chimère. La violence devient un spectacle. Du bout de son écran elle semble moins agressive. C'est ainsi sans doute que la terreur s'endormira de nouveau jusqu'à la prochaine fois.
Natacha Joëts Tous droits @ réservés.