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30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 12:15

Ce fut il y a bien longtemps, en des temps reculés.

 

Ce fut, tout d'abord, en ces temps si lointains, intimement lié au cœur de la nature.

Chacun et chacune, petit et grand, jeune et vieux, homme et femme, vivaient au rythme des saisons. On célébrait alors le renouveau de l’équinoxe du printemps, lorsque la terre s’éveille, bourgeonne, fleuri et foisonne. On fêtait cet éclat de vie le jour où la journée est égale à la nuit, lorsque les jours vont s'allonger encore et encore. Ensuite, on célébrait le solstice d’été. Il était fêté au moment où les journées sont les plus longues. Ces journées chaudes et lumineuses où la terre dans sa maturité offrait sans compter. Puis les jours raccourcissaient pour de nouveaux égaler la nuit. On fêtait alors l’équinoxe d'automne. La terre avait offert ses plus belles richesses et dans un dernier éclat de couleurs se préparait au sommeil. Puis les jours raccourcissait encore, doucement. Tout doucement. La nature se défaisait de ses couleurs chatoyantes, de sa chaleur. Petit à petit, elle se dénudait. Le froid s'installait. La lumière se faisait tamisée. Tout ralentissait. En ce temps-là, tous et toutes, jeunes et vieux, hommes et femmes, respectaient le sommeil de la terre. Chaque saison était fêtée dans sa beauté et dans ses particularités. Le solstice d’hiver avait sa place, lui aussi. Il était célébré au moment où les jours sont les plus courts. En ce temps précis, tout est endormi. Il n'y a plus le foisonnement du printemps. Il n'y a plus l'abondance de l’été. Il n'y a plus la douceur de l'automne. Au cœur de l'hiver, il n’y a plus que l'essentiel. Tout est réduit au minimum. Ce n'est pas une saison morte. C'est une saison assoupie. Dans le soleil de la terre, dans la pureté de ces instants, il ne reste que ce qui compte vraiment. La vie n'est pas diminuée, elle est concentrée. Tout ralentit, pourtant rien ne s’arrête. Le cocon douillet de brume, de neige, de froid, englobe toute chose.

 

Tout a changé. Ce fut d'abord subtil. Discret, même. Tous vécurent au rythme des saisons pendant toute bien longtemps. Les fêtes jusqu’alors rythmées par la nature elle-même furent liées aux croyances des hommes et des femmes. Au fil des siècles, on oublia un peu leur âme. On oublia un peu leur origine et leur raison d’être. Cette évolution fut bien longue à se produire. Vint un temps où les hommes et les femmes cessèrent de vivre au rythme de la nature. Ils se mirent à vivre à un rythme de plus en plus rapide. Bientôt, ils ne ralentirent plus lorsque la terre préparait son sommeil. Ils se mirent à consommer et à produire plus. Ils exigèrent de plus en plus. Dans leur folle boulimie, ils commencèrent à souiller la terre. Ils ne respectaient plus sont repos. Agressée, blessée, humiliée, la terre changeait. Le sommeil de la nature, dérangé, se faisait agité. Toutes les autres saisons en étaient troublées. En ce temps, les hommes et les femmes méprisèrent l'hiver. Ils avaient pris en horreur la pureté du froid et stigmatisé la lenteur de l'hiver. C’était devenu à leur yeux une saison morte et inutile dont ils souhaitaient se passer. Le temps de l'hiver avait perdu sa magie et sa beauté. Négligé et méprisé, ce qui fut une célébration de la vie dans ce qu'elle a de plus humble, cessa même d’être la célébration de croyances anciennes. Petit à petit, elle perdit tout pour devenir le reflet de ce mode de vie où l'on consomme et où l'on gâche. D'un moment de partage et de douceur, le solstice d’hiver se mua en Noël puis en Fêtes de fin d’année. Ces jours magnifiques où tout ralentissaient furent transformés en une intense quête absurde. La pression s’accentua jusqu’à en être insupportable. Les gens devenaient fous. D’année en année, ils se firent plus agressifs, plus violents.

 

De nos jours, le solstice d’hiver est oublié. Il n'y a plus que ces fêtes de fin d’année vides de tout sens. La violence croit sans cesse. L'harmonie, la douceur et la pureté de l’hiver ont perdu tout intérêt dans la société de consommation. La notion de partage s’est perdue. Il faut acheter, consommer, gâcher. Il faut fêter et paraître. Nul ne doit s'abstenir de s'imposer la présence d’êtres qu'on ne côtoierait pas autrement. Toute entorse à ces règles est anormale.

Pourtant, malgré tout, certaines personnes continuent de ressentir au fond d'elles ce que fut, il y a bien longtemps, le solstice d’hiver. Et peut être qu’un jour, vous aussi, vous vous souviendrez. Un matin d'hiver, vous vous réveillerez et vous vous émerveillerez sur le froid sur votre peau, sur la pureté de l'air et sur la blancheur de la lumière. Vous goûterez la beauté de la saison assoupie. Vous prendrez le temps de la regarder dormir. Vous vous réjouirez de la pureté de son sommeil. Vous redécouvrirez la magie de l'essentiel.

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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 19:01
Grande muraille de Chine

Acrylique sur toile

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Présentation

  • : Natacha Joëts
  • : Auteur de peintures sur vitrine et d'autres créations artistiques, je mets à disposition des personnes que ça intéresse une vitrine de mon travail. Je peins et dessine sur de nombreux supports et de nombreux thèmes. - Peintures sur vitrine - Décorations murales - Personnalisation d'objets : armes et protections arts martiaux (casques, gants, armes, housses de transport...), sacs, meubles... - Dessins natacha.joets@gmail.com 06 58 13 63 20
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